Amita A Aimé

Dans les eaux du Grand Nord – Ian McGuire

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Résumé : Puant, ivre, brutal et sanguinaire, Henry Drax est harponneur sur le  » Volunteer « , un baleinier du Yorkshire en route pour les eaux riches du cercle polaire arctique. Patrick Sumner, un ancien chirurgien de l’armée traînant une mauvaise réputation, n’a pas de meilleure option que d’embarquer sur le baleinier comme médecin. En Inde, pendant le siège de Delhi, Sumner a cru avoir touché le fond de l’âme humaine, et espère trouver du répit sur le  » Volunteer « … Mais pris au piège dans le ventre du navire avec Drax , il rencontre le mal à l’état pur et est forcé d’agir. Alors que les véritables objectifs de l’expédition se dévoilent, la confrontation entre les deux hommes se jouera dans l’obscurité et le gel de l’hiver arctique.

Note :  ★★★

Pour ce livre, je vais procéder différemment car il y a des choses que j’ai aimé et d’autres qui m’ont laissé un sentiment étrange et j’aimerai tout aborder avec vous.

L’histoire se déroule dans les années 1850 en Angleterre puis sur les eaux direction le Grand Nord pour chasser la baleine. Malheureusement, un meurtre va être commis sur le bateau mais ce n’est pas le pire. D’étranges desseins se cachent derrière se voyage.

Très rapidement, nous sommes happés dans la réalité marine de l’époque. Injures, vulgarités, pets, putes, chasse sans pitié…. De vrais marins. Au début, Sumner semble déstabilisé, nous avons le sentiment qu’il se pense un peu au dessus d’eux. Puis il apprend à les connaître, essaie de comprendre. Et très rapidement, il devient l’un des leurs.

Nous regardons alors ces tranches de la vie marine avec une certaine curiosité, une espèce de fascination morbide. On les regarde chasser avec un dégoût mêlé de curiosité.

On écoute les complots. On se balade d’une discussion à l’autre. De temps en temps on revient vers Sumner mais souvent on se promène d’un marin à l’autre, d’une histoire à l’autre. Ce qui fait qu’assez rapidement on connaît les enjeux de l’intrigue et du voyage. Mais on continue de vouloir tourner les pages, un peu par voyeurisme. Nous avons presque le sentiment d’être malsain et de ne pas avoir notre place ici.

C’est cette curiosité, cette attrait étrange, qui m’a poussé à terminer le livre en si peu de temps. Nous ne pouvons nous empêcher de guetter une réaction, un indice, de crier aux personnages ce qu’on sait à leurs dépens.

Ceci nous amène au point suivant qui est un peu moins positif : Il ne se passe, à vrai dire, pas grand chose.

En réalité, l’intrigue est bien construite, il y a beaucoup de choses à raconter, et lorsque nous fermons le livre, il s’est vraiment déroulé tout un récit, complet. Mais il y a beaucoup de moment de latence. Beaucoup de moments où ils attendent, où ils ne font que parler, où ils cherchent en vain à manger…. Je vous passe certains détails pour éviter d’en dire trop mais en effet, il y a de longs passages, qui sont nécessaires pour l’histoire, mais qui sont franchement longs et pas particulièrement passionnants.

Outre cela, le fait qu’on connaisse très vite les dessous de l’historie peut être un bonne chose car ça nous offre une place toute particulière au sein de l’histoire, mais j’ai aussi trouvé que ça enlevait un peu de suspens, à tel point que parfois on s’ennuyait un peu.

Je vais entamer le second et dernier point négatif car j’aimerai réellement finir sur le point positif qui a été pour moi le gros point fort de ce roman.

Pour terminer sur une note moins sympathique, ce livre est cru voire vulgaire.

Ils sont là pour chasser donc il est normal de voir des scènes de chasse, mais nous ne sommes pas épargnés : chasse aux phoques, dissections, dépeçage, chasse à la balaine, filets de sang qui en est expulsé, tueries d’ours pour le plaisir. Mais ce n’est pas tout car on a aussi des meurtres en tout genre pour le plaisir ou par malveillance, meurtre d’enfant et autres tortures, actes cruels et langage vulgaire.

Autant vous dire que je n’étais pas préparée. Je le cite comme un mauvais point mais ce n’en est pas vraiment un, simplement, je suis d’un naturel plutôt réservé et ce genre de choses m’a beaucoup effrayée. Mais le livre est classé « thriller » donc pas de surprise.

Ce qui m’a vraiment dérangé, outre la violence, c’est la violence animale presque gratuite. C’est ça le vrai point qui m’a écœurée.

Il y a aussi du racisme et de l’homophobie (nous sommes ne 1800, c’est pour ainsi dire ce que tout le monde pense à l’époque donc c’est très réalise) mais que ce soi sur le racisme, l’homophobie ou la maltraitance animale, on sent que l’auteur a sa propre opinion et qu’elle est loin d’y être favorable.

Enfin, dernier point. Ce livre est d’un réalisme troublant. Pas pour l’histoire ou les dialogues (bien que je pense que ça soit le cas aussi) mais pour les personnages. Il n’y a pas de retournements de situation étranges qui pourrait sauver un tel ou un tel. Pas de personnes qui change de but, d’objectif pour le bien commun. Personne qui décide de faire fi de ses besoins pour aller vers les autres. Les hommes sont des hommes et aucun d’eux n’est foncièrement bons. Ils sont humains, ils essaient de survivre pour eux, de s’enrichir seuls, et ce même si ça doit avoir des conséquences sur d’autres.

Même notre brave Sumner change et se rend bien compte que dans la vie, il faut taper du poing sur la table, crier et donner tout ce qu’on a. Il ne faut pas toujours penser aux autres, parfois il n’y a que nous.

Et cet égoïsme chez les personnages m’a beaucoup troublé mais avec le recul c’est quelque chose qui m’a vraiment plu, qui m’a offert une nouvelle vision du personnage de roman. J’ai aimé le fait que mes attentes soient contredites.

Finalement, ce n’est pas une incroyable lecture car ce n’est pas un genre que j’apprécie réellement beaucoup, mais je pense que le livre a beaucoup de potentiel. Si la violence ne vous dérange pas, si les marins ne vous sont pas totalement étrangers, alors allez-y. Ce livre a beaucoup à offrir. Soyez juste prévenus pour les quelques moments de latence.

 

Amita

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